la genèse du christianisme
La genèse du christianisme.
En l'an trente de notre ère, Jésus meurt crucifié par les Romains sous l'accusation de « roi des juifs ». Trois siècles plus tard, l'empereur romain Constantin se convertit au christianisme qui deviendra rapidement la religion officielle de l'Empire romain. Aujourd'hui, le Vatican est devenu le siège de l'Église catholique apostolique et romaine. Rome en quelques siècles a supplanté Jérusalem.
Mais peut-on considérer que Jésus est à l'origine du christianisme ?
Peut-on dire qu'il a fondé l'Église ?
Aujourd'hui on ne peut plus affirmer que Jésus soit le fondateur de cette religion qu'on appelle christianisme. Depuis la découverte, au milieu du siècle dernier, de nombreux documents, la naissance du christianisme a beaucoup bougé et depuis une trentaine d'années, les historiens et les exégètes ont redécouvert la judaïté de Jésus. On peut dire aujourd'hui qu'il n'était pas dans l'intention de Jésus de fonder une nouvelle religion. Son but était de réformer le judaïsme. Le rénover, le revivifier, en cela il n'y a aucun doute. Mais fonder une nouvelle religion, au sens où nous l'entendons, il est sûr et certain que cela n'était aucunement l'intention de jésus. Sur ce point, les historiens et les exégètes sont aujourd'hui, unanime.
Donc il faut être extrêmement clair à ce sujet, Jésus n'a pas donné ou fondé l'Église, ni même le christianisme. Jésus n'a même pas mis en place un dispositif qui institutionnellement serait la base de ce qu'est devenue l'Église.
Jésus a vécu à l'intérieur d'Israël, il a pensé sa théologie c'est-à-dire son image de Dieu à l'intérieur d'Israël et pour Israël. Jésus n'est pas un fondateur de schisme. Mais dans ce judaïsme palestinien extraordinairement diversifié d'avant l'an 70, c'est-à-dire avant la destruction du temple de Jérusalem, Jésus est représentatif à la manière de Jean le Baptiste, d'une forme particulière de croyance, mais ceci totalement à l'intérieur du judaïsme de son temps.
Jésus est un fils d'Israël, il est juif ce qu'il propose ce n'est même pas une nouvelle interprétation du judaïsme, il propose de relire la tradition d'Israël la Torah de l'appliquer comme lui la comprend, et il véhicule une image d'un Dieu de pardon, comme un père vis-à-vis de ses enfants, et en même temps avec quelques signes d'ouverture - bien que cela sera très développé après la résurrection - en direction des païens figurés de son temps non pas par des peuples étrangers mais par les publicains (collecteurs d'impôts) et les pêcheurs juifs. Donc, se demander si Jésus a fondé une Église ou une nouvelle religion, cela est dépourvu de sens, c'est faire un anachronisme. Jésus a voulu le renouveau d'Israël, il n'y a pas de mouvement chrétien, de christianisme du vivant de Jésus. Jésus avait pour but de rassembler Israël renouvelé l'eschatologique du véritable Israël, et c'est un Israël inclusive qui est prêt à accueillir tout ce que réprouvait beaucoup d'autres partis juifs comme le faisait la secte des Pharisiens, ça n'est que plus tard qu'une conscience chrétienne va naître, certes relativement rapidement dans la mesure où à la fin du premier siècle on peut dire qu'il y a un mouvement chrétien et que ce mouvement est amené à se positionner de manière autonome et séparé du judaïsme. Le terme christianisme est totalement anachronique avant le second siècle, cela n'existe pas au premier siècle. On trouve simplement différents groupes de fidèles de Jésus. Ce n'est que bien plus tard dans le quatrième siècle qu'émerge la religion distingue et institutionnalisé du christianisme. Il faut être clair sur ce point.
En fait, on ignore comment juste après la mort de Jésus le « pro-christianisme » s'est propagé. On apprend l'existence des disciples de Jésus en Égypte à Alexandrie où leur présence est déjà très développée alors que le Nouveau Testament ne dit nulle part comment l'Évangile est arrivé de Jérusalem à Alexandrie. Ce que l'on peut dire c'est qu'au premier siècle, là où se trouvaient des synagogues, il y avait aussi des communautés se réclament comme « disciples de Jésus » fréquentants ces mêmes synagogues. Éventuellement des communautés non juives, mais c'est extrêmement difficile de reconstruire le développement de ces communautés à partir des récits du Nouveau Testament.
Je crois que tout simplement c'est une absence de documentation précise sur les mois et les années qui ont suivi la mort de Jésus, c'est tout ce que l'on peut dire en tant qu'historien. Nous avons des points à peu près fixes qui nous sont donnés par cette documentation du Nouveau Testament mais nous n'en avons pas en dehors de ce dernier. Donc avec ce que nous avons nous ne pouvons qu'affirmer qu'à un certains moments nous savons que la croyance en Jésus Messie d'Israël est sorti de Jérusalem et qu'une communauté s'est formée à Antioche en Syrie. Celle-ci a une importance décisive pour la suite du développement du christianisme auprès de la foi chrétienne, et on n'ose même pas parler du christianisme à ce moment-là. En effet l'on a affaire à des juifs qui adoptent la foi au messie c'est-à-dire que l'on peut appeler une secte de juifs chrétiens. On n'est pas encore à l'époque où l'on peut parler d'un christianisme autonome, il faudra attendre des dizaines et des dizaines d'années avant de pouvoir en parler. Il y a un anachronisme certain et en fait tout dépend du sens que l'on donne à l'expression chrétiens. Là je mentionne les chrétiens et j'utilise ce mot probablement par simplification pour ne pas parler des disciples de Jésus ou utiliser d'autres expressions telle que « Nazoréens » ou « Ébionites ». Disons les chrétiens dans le sens de ceux qui croient en Jésus qui pensent que Jésus est un agent eschatologique (acteur de la fin du monde) envoyé par Dieu pour le salut de l'humanité. Donc pas les membres d'une religion spécifique qui s'appellerait le christianisme, mais simplement une secte juive.
Au départ, il n'y a que des juifs qui professent que Jésus est le Christ c'est-à-dire « le messie juif attendu ». Il est mort et il est ressuscité et il est le sauveur, mais pour toutes ces catégories-là il est le Messie, « le Christ », mais toutes ces catégories-là ne sont que des catégories juives. S'est complètement étrange et étranger et incompréhensible pour des gentils,* les païens, ça n'existe pas pour eux un messie mort qui ressuscite.
* du latin Gentiles (les « nations »), est la traduction habituelle de l'hébreu Goyim, nations, qui finit par désigner les non-Juifs. Les auteurs chrétiens ont aussi employé ce mot pour désigner les païens (ainsi Paul Apôtre des gentils désigne Paul l'évangélisateur des païens).
Il faut comprendre que le Christ pour nous s'est imprégné de vingt siècles de réflexions dogmatiques, mais Christ ces machiar en hébreu c'est Christos en grec, c'est l'oint, c'est un personnage qui a reçu l'onction et un rôle très particulier, mais à cette époque du premier siècle ça n'a pas encore la prévenance que nous affectons et qui implique le terme de Christ aujourd'hui. C'est ce qui nous est difficile aujourd'hui, nous replonger dans une mentalité de ceux qui ont en quelque sorte été les précurseurs du christianisme. L'expression n'est pas forcément heureuse, mais au sens étymologique c'est ceux qui ont découvert ou livré un culte au Christ. L'invention du christianisme c'est d'abord de voir en Jésus le Christ ressuscité. Cette première confession de foi va donner naissance à l'Église.
Mais à l'origine qu'est-ce que l'Église ?
Est-ce qu'il y a l'Église ou est-ce qu'il y a d'abord un ensemble de communautés qui sont unies par la même foi, mais qui ne forme pas encore ce que l'on appelle l'Église avec un grand « E », c'est-à-dire une organisation structurée, ou alors des communautés qui ont des rapports entre elles, et aurait en même temps des institutions centralisées ? L'Église c'est quand même cela, l'Église ce n'est pas simplement une pléiade de communautés c'est quand même des gens qui disent la même chose qui lisent la même chose et qui acceptent la même discipline. Mais au premier siècle on n'en est pas encore là.
Au premier siècle il n'y a pas de christianisme tel qu'il est présent aujourd'hui, il est préférable de parler de communautés, on peut utiliser l'expression église à domicile, on souligne ainsi qu'il ne s'agit pas d'une Église en tant qu'institution, mais de petits groupes de fidèles de Jésus qui se retrouvent dans une maison en petit nombre, peut-être 30 ou 40 disciples, donc des petits groupes, ce qui est bien sûr très différent de notre conception du christianisme en tant que religion mondiale.
Le mot ecclésia est un mot grec qui signifie assemblée dans la démocratie athénienne. Un mot qui s'utilise pour désigner toutes sortes de rassemblement. Il signifie tout simplement assembler au sens politique. Il peut aussi être employé pour désigner une assemblée synagogale, l'assemblée des fidèles, or c'est une véritable tentation si l'on traduit ecclésia par Église, et de lui donner l'air d'une institution chrétienne et cette traduction apporte le concept et un poids qu'il ne pouvait absolument pas avoir au milieu du premier siècle. D'un point de vue linguistique nous savons que l'utilisation d'ecclésia dans d'autres contextes n'avait jamais cette connotation institutionnelle, et ce qui paraît très intéressant c'est de se rendre compte que c'est seulement au chapitre 5 du livre des Actes des apôtres dont la rédaction est consensuellement fixée au cours des années 80-90, que pour désigner cette communauté qu'on emploiera le mot Église, car on nous dit tout simplement que tout naturellement la communauté ne s'est pas d'abord désignée comme Église elle s'est désignée comme communion des disciples et puis c'est vrai à la foi en raison de la tradition d'Israël ou dans la bible en grec le mot église ecclésia désigne la communauté d'Israël rassembler. Aussi le fait que dans le monde grec le même mot désigne la communauté des hommes libres qui prend en main son destin à l'intérieur d'une ville on va trouver ce terme église qui en plus évoque les appelés rend parfaitement compte de la nature de la communauté. Peu à peu, ce terme va s'imposer comme un terme privilégié, comme un terme essentiel pour désigner la communauté des disciples de Jésus. Quand Paul écrit donc assez vite toutes ses lettres c'est à l'église donc à la communauté des Corinthiens ou à la communauté, « à l'église » qui se trouve à telle ou telle ville ou encore dans les finales des lettres on va désigner par ecclésia une petite communauté qui se réunit chez tel ou tel personne. On aura par exemple Paul qui va évoquer à plusieurs reprises l'ecclésia « l'église » ou la communauté qui se réunit chez Priscille et Aquilas. (1 Co 16.19: « Les églises d'Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l'église qui est dans leur maison, vous saluent bien dans le Seigneur. ») Donc ce mot église va rentrer tout naturellement dans le langage chrétien et va à un moment être privilégiée. Mais nous ne sommes pas encore à cette construction hiérarchisée d'une l'Église avec un grand « E ».
Selon une formule célèbre, Jésus a annoncé le Royaume de Dieu et c'est l'Église qui est venue. Cette distance entre le royaume et l'Église n'est telle pas la distance qui sépare l'enseignement de Jésus et celui de l'Apôtre Paul ?
L'Apôtre Paul ne serait-il pas le véritable inventeur de la nouvelle religion du christianisme ?
Le royaume de Dieu annoncé par Jésus est vraiment très différent de la nouvelle Église. La nouvelle Église créée entre la mort de Paul et l'an 150, s'est éloignée de plus en plus de ce qu'elle était à l'origine, à l'intérieur du judaïsme. Si jamais Jésus était revenu vers l'an 150 et s'il avait regardé autour de lui, s'il avait vu ce qu'était devenue pour ses fidèles sa pensée et son enseignement, c'est-à-dire cette nouvelle religion, d'abord créée par Paul, puis sans cesse développée, il se serait sens doute évanoui. Tout au moins, il n'aurait rien reconnu. On ne peut certes pas imaginer qu'il y ait un blanc entre la crucifixion la résurrection de Jésus et le moment où Paul devient une figure importante du christianisme primitif. Mais ce que Paul va faire et tout à fait original et part ailleurs occasionnels puisque nous ne connaissons de Paul qu'un certain nombre de lettres qui veulent aider à de jeunes communautés venant en grande partie du monde païen à bien vivre et à bien comprendre sa vision toute personnelle du christianisme, et donc pas sur ce qu'a enseigné Jésus des évangiles, mais celle du Christ ressuscité. Alors de ce point de vue là, l'apport de Paul est absolument déterminant pour ce christianisme naissant, et Paul va contribuer à façonner le christianisme tout au moins ces fondations, d'un christianisme tel qu'on le connaît aujourd'hui. Il faut avoir conscience de la différence de points de vue avec le contemporain ou le témoin du premier siècle. Parce que l'on voit cela avec 20 siècles de distance, et avec peut de sources, et hormis ce recul nous avons peut d'informations en dehors des épîtres de Paul qui ne sont pas non plus nombreuses, et elles ne forment pas non plus trente tomes dans une bibliothèque. Mais c'est le personnage sur lequel nous avons le plus de renseignement, alors forcément, on le voit avec un rôle beaucoup plus important que les autres ; parce que c'est la seule documentation que l'on a à notre disposition. Si Paul a tellement de succès, ce n'est peut-être pas parce que c'est Paul mais que c'est son christianisme qu'il propose qui a lui tellement de succès auprès des païens. les évangiles auront eux aussi énormément de succès au second siècle, car ils s'orienteront sur la théologie de Paul. Du moins la théologie de Paul influencera fortement les évangiles, mais à l'époque de Paul ils ne sont pas encore rédigés. Donc on peut affirmer que dès cette époque, la base du christianisme repose plus sur les écrits, donc de la théologie de Paul que sur les évangiles. Il y a dans la théologie de Paul quelque chose de totalement nouveau et de très séducteur, un élément dans les nouvelles mythologies qui finalement se résume à des nombres limités de points. N'est-ce pas, un homme qui a vécu en Palestine et a prêché le salut, qu'il est mort et est ressuscité. C'est la résurrection qui encre la théologie de Paul, sans elle il n'y aurait pas de théologie je dirais plus de christianisme paulinien.
Paul a certainement pris une importance considérable ultérieurement d'abord parce que ça été le grand apôtre auprès des gentils et les chrétiens d'origine non juive ont fini par constituer la grande majorité du mouvement, donc Paul est largement devenu celui qui a éclairé ces gentils et qui leur avait apporté la lumière. Lorsque l'on pense à Paul en tant que fondateur du christianisme, l'on pense au christianisme inventé à la suite des débats théologiques entre intellectuels au milieu du deuxième siècle. Mais ce n'est pas exactement ce christianisme là que celui de Paul. Paul on pourrait dire qu'il va former le terreau et c'est sa théologie qui va conduire à ces débats qui alors deviennes dans les siècles suivants en quelque sorte inévitables. Paul enseigne un christianisme qui par principe réfute l'observation du Shabat et commence à critiquer la circoncision et pour finir la Loi, la tradition juive. Ce christianisme qui refuse de manger casher et ne respecte plus les fêtes juives, un christianisme qui divinise le messie juif pour en faire un fils de Dieu.
Le fait est que le christianisme qui s'est défini petit à petit au fil des premiers siècles est un christianisme foncièrement paulinien. Dans une grande mesure un christianisme qui prend ses distances avec le judaïsme et la figure juive de Jésus. C'est-à-dire la figure historique de Jésus de Nazareth qui n'apparaît pas chez Paul. Paul a transformé Jésus le Nazaréen en Jésus-Christ et il l'a transformé en une personnalité divine qui n'a plus directement et uniquement à voir avec la figure du prophète et du messie tel que le concevaient une grande partie des juifs du premier siècle. Dans cette nouvelle religion le Juif n'a plus sa place en tant que Juif, en tant que fils d'Israël.
Plus le temps passe à l'époque du Nouveau Testament et après, plus le besoin devient pressant de s'éloigner du Jésus terrestre, du Jésus de chair, du Jésus Juif, car il ne sert pas théologiquement à une chrétienté composée de gentils et surtout à la théologie de Paul. Jésus de Nazareth, l'enseignent, le prédicateur juif des évangiles ne sert pas à étayer la théologie paulinienne, et donc Paul l'ignore. Au début, Jésus était vu comme le fils de David le messie d'Israël, les espérances étaient fondées sur le royaume d'Israël, mais tout cela personne chez les gentils n'en a l'utilité. La pression grandit pour en faire plus tôt que le fils de David celui qui était le fils de Dieu dès l'origine. Donc il devient nécessaire de spiritualiser Jésus et en faire un être divin, c'est là que se trouve le nœud de l'affaire, tout est là. La spiritualité juive de Jésus incomprise doit être transformée et retravaillée dans le chaudron des mythes et du mystère pour devenir une religion à la grecque et donc assimilable par les gentils, c'est-à-dire les étrangers à la culture juive. Dans ce christianisme des gentils Paul va sublimer Jésus en Seigneur Jésus qui devient à la fois homme et Dieu, le verbe incarné le logos et finalement Dieu lui-même. Si les fidèles de Jésus ne l'avaient pas reconnu dans la profession de foi, « Jésus est Dieu », nous ne pourrions pas parler de religion chrétienne. Tout compte fait, Jésus lui-même évolue à l'intérieur du judaïsme même s'il peut être considéré comme un hérétique du judaïsme. Mais la religion chrétienne commence à se former au moment où des personnes affirment « Jésus est Dieu ». C'est-à-dire au moment où une profession de foi reconnaît et déclare en confessant publiquement la divinité de cet homme Jésus. Alors né quelque chose de totalement nouveau.
Combien de temps a-t-il fallu aux chrétiens pour assimiler Jésus à Dieu ?
Les chrétiens ont débattu de cette question pendant des centaines d'années. C'était le but des consiles aux quatrième et cinquième siècles. L'utilisation même du nom curieux de Seigneur par opposition au nom Théo et Dieu nécessite une distinction constante. Dans quelle mesure Jésus était-il Dieu, et dans quelle mesure était-il le fils de Dieu ? Chacun voulait trancher la question en faisant de lui soit totalement un homme, soit totalement Dieu. Les chrétiens ont finalement fini par accepter cette double nature comme un mystère.
L'exécution de Jésus sur la Croix et cette fin misérable marque pour ses disciples la ruine de tous leurs espoirs. La croyance qu'il n'est pas mort qu'il est ressuscité va leur permettre de surmonter cette épreuve cette catastrophe. La première chose à dire c'est que la crucifixion de Jésus a pris ses disciples au dépourvu. On attendait une ère nouvelle, on espérait que la fin des temps serait triomphante. Dans l'évangile de Luc, il est dit que les disciples ont trouvé une solution à ce problème de la perte de toute espérance. Ils ont trouvé on ne sait raisonnablement pas comment, peut-être Jésus leur est-il apparu, peut-être était-ce un processus intime on ne sait pas, mais ils ont réussi à changer leurs espérances. Quand on regarde les premières confessions de foi qu'est-ce qu'ils disent ?
Il est dit essentiellement qu'il (Jésus) est mort et qu'il est ressuscité, c'est-à-dire que l'on met entre parenthèses, par quel mort est passé Jésus. Une mort totalement infamante, la mort de la croix. La mort qui sert au châtiment appliqué à l'esclave fugitif, à celui qui n'est pas considéré comme un homme. C'est cela qu'il faut réaliser ce n'est pas un homme libre, c'est un châtiment certes que les juifs ont connu, mis en oeuvre par des païens, donc encore plus abominable. D'où il semble que dans la première communauté chrétienne il y a eu toute une tendance à laisser entre parenthèses ce fait. C'est bien assez de dire « il est mort et il est vivant aujourd'hui ». N'allons pas compliquer la première annonce chrétienne en disant « il a été crucifié il est vivant aujourd'hui ».
C'est une situation de fait, parce qu'il faut bien dire la chose que le christianisme a foirée si je peux m'exprimer ainsi, auprès des juifs. Il se trouve qu'en même quelques convertis, mais c'est quand même un échec pour diverses raisons, mais la raison majeure c'est que un messie crucifié vous pouvez chercher cela dans le Pentateuque dans les prophéties ou dans les Psaumes, vous ne trouvez pas. C'était un scandale pour les juifs cela n'est pas possible. L'apôtre Paul le dit très bien dans l'épître aux Corinthiens « un scandale pour les juifs », mais un crucifié on cherche partout on ne trouve pas.
Jésus est crucifié probablement en avril de l'an 30, c'est la date qui est commune et tenue aujourd'hui par beaucoup, cependant quelques exégètes proposent l'an 33. D'abord, on pourrait dire un grand désarroi. Qu'est-ce que l'on nous présente dans les évangiles alors que l'on est en train de valoriser les compagnons de Jésus on nous présente un qui trahit, un qui renie et tous qui s'enfuie ; comme amis ou proches de Jésus il ne reste au pied de la Croix l'accompagnant jusqu'au bout, quelques femmes un disciple il est dit « que Jésus aimait », et encore on précise qu'il et elles regardaient de loin. Ensuite ces hommes les amis de Jésus ceux qui ont été très proches de lui nous disent que leur groupe s'est reconstitué parce que Jésus s'est manifesté à eux. Ce qui paraît certain c'est que quelque chose s'est passé et ce quelque chose les croyants appellent cela « la résurrection », que d'autres peuvent appeler « une expérience religieuse », ou « une expérience spirituelle » enfin il y a eu un regroupement, mais il y en a eu peut-être plusieurs et c'est pour cela que l'on a des traditions qui situe les apparitions en Galilée d'autres à Jérusalem, et je crois que ça correspond à des groupes de fidèles les uns restés chez eux ou rentrés chez eux en Galilée, d'autres étant resté à Jérusalem.
On ne sait pas vraiment ce que les gens ont vu. Ils disent que le corps de Jésus aurait apparut comme un corps spirituel et ils disent qu'un corps ressuscité n'ait pas fait de chair et de sang. Au contraire dans la tradition évangélique concernant la résurrection, l'accent est mis sur la nature corporelle et physique du ressuscité : « touche ma main, regarde mes pieds ». Dans l'évangile de Luc, Jésus ressuscité mange un morceau de poisson. Or les fantômes ne mangent pas ! donc, déjà dans les traditions les plus anciennes entre Paul dans les années 50 et l'évangile de Luc, entre 80 et 100, il existe déjà des divergences quant à la manière de représenter la résurrection.
Il y a toujours des sceptiques bien sûr, mais beaucoup de gens croient à tout cela, je n'apporterais pas ici mon opinion et je ne suis pas là pour juger si c'est vrai ou non. La conviction que certaines personnes ne meurent jamais fait partie des croyances populaires. Par exemple Flavius Joseph qui n'est pas un auteur de folklore, nous dit explicitement que Moïse n'est pas mort. Pour lui, Moïse ne pouvait pas mourir après avoir été en présence de Dieu, mais il a été transporté dans les hautes sphères. Il semble donc que certaines personnes comme Élie lui aussi aient été enlevé aux cieux. Hérode Antipas selon Marc croyait que Jésus de Nazareth était la résurrection de Jean le Baptiste : Marc 6 : 14
« Le roi Hérode entendit parler de Jésus, dont le nom était devenu célèbre, et il dit : Jean Baptiste est ressuscité des morts, et c'est pour cela qu'il se fait par lui des miracles. » Donc cela fait partie des croyances, mais cela ne veut pas dire que l'entourage de Jésus était composé de gens qui croyaient en ce genre de choses. Dans l'évangile de Matthieu bizarrement quand Jésus ressuscité apparaît à ses disciples au sommet de la montagne, le texte dit explicitement : « mais quelques-uns doutaient ». Si vous deviez réaliser un film, vous direz « pourquoi doutent-ils ? » puisqu'ils voient Jésus ressuscité. Mais ce que signale l'évangéliste c'est que tout le monde n'était pas convaincu par la réalité de la résurrection. D'autres au premier abord ne reconnaissent pas Jésus dans l'apparition, donc il semble que son apparence était différente de celle connue de son vivant, et de surcroît il pouvait passer à travers les murs comme un fantôme ou un esprit.
Une trentaine d'années avant la rédaction de l'évangile de Matthieu, dans une de ses lettres l'apôtre Paul écrit la liste de ceux qui ont vu Jésus leur apparaître et en tête de cette liste, figure Simon appelé Pierre. Pour une partie des premiers croyants Pierre était le premier à qui Jésus ressuscité était apparu ; et être le premier à voir Jésus ressuscité donnait une autorité spéciale à la personne qui avait bénéficié de l'apparition. La première apparition de Jésus à Pierre est évoquée par Paul dans le plus ancien document sur les apparitions. Dans le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens, Paul dit que c'est la tradition qu'il a lui-même reçue. S'il l'a reçue pendant sa formation auprès des disciples cela nous mène aux années trente. Donc ce serait une tradition qui remonte à quelques années seulement après la mort de Jésus. C'est là que Paul site un petit crédo un petit texte liturgique antérieur, mais on ne sait pas s'il vient d'Antioch ce qui est vraisemblable ou de Jérusalem. Mais il écrit que « Christ est mort pour nos péchés selon les écritures qu'il a été ensevelit qu'il est ressuscité le troisième jour selon les écritures qu'il est apparu à Cephas (Pierre) ensuite au douze. Ensuite, il est apparu à plus de 500 frères à la fois desquels la plupart restent vivants jusque maintenant, mais dont certains se sont endormis (c'est -à-dire qu'ils sont morts). Ensuite, il est apparu à Jacques et ensuite à tous les apôtres, et finalement il m'est apparu à moi (Paul) comme à l'avorton. »
Dans la phrase de 1 Corinthiens 15, 3 Paul dit que « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures. » Là, Paul ne faisait pas référence à une écriture particulière, (il ne le pourrait pas) mais à toutes les Écritures de l'Ancien Testament qui soulignent selon lui et non selon la tradition juive que Dieu fournit un Sauveur qui mourrait et qui paierait ainsi la peine ou la rançon pour les péchés des hommes. Plutôt dans cette lettre, Paul a fait allusion à un de ces passages de L'Ancien Testament quand il dit: « Car Christ notre Pâque a été sacrifiée » (1 Cor. 5:7). Pour Paul, la mort du Christ était l'agneau pascal des « chrétiens » sacrifié. Le concept d'Agneau Pascal fait référence au livre de l'exode de l'Ancien Testament. La nation d'Israël était en esclavage en Égypte, et Dieu allait tuer le premier-né de chaque famille en Égypte. Il aurait dit aux hébreux de tuer un agneau, puis de mettre le sang de cet agneau sur les montants de la porte et sur le linteau de chaque maison des Hébreux. Plus tard dans la nuit, quand il allait tuer le premier-né, s'il voyait du sang sur les montants et le linteau d'une maison, il passerait dessus. Il accepterait ce sang comme une indication qu'une mort avait eu lieu pour prendre la place du premier-né de cette famille. Pour l'apôtre Paul, cet événement préfigurait le temps où Dieu fournirait à l'humanité son fils comme l'agneau pascal. C'est pour cela que dans l'évangile de Jean, lorsque Jean-Baptiste présenta Jésus à la nation d'Israël, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde » (Jean 1:29). L'évangéliste déclare ainsi en accord avec Paul que Jésus est cet agneau sacrificiel ultime, le seul qui peut payer la rançon ou la peine due à Dieu pour le péché. C'est cette théologie paulinienne d'un sacrifice expiatoire du Christ (du Messie) « l'agneau pascal » qui va encrer la nouvelle religion chrétienne et faire de cette théologie un dogme chrétien.
Dans la liste des disciples auquel Jésus est apparu Paul emploi le terme Christ parce que cette apparition dans ce contexte c'est Jésus le ressusciter. Ce que je cite là c'est l'avis des auteurs et ce sont les termes qu'ils utilisent. S'il y a eu d'un point de vu historique apparition ou pas, cela est autre chose. L'historien ne peut pas se prononcer sur des faits hors du champ naturel des événements donc l'histoire ne peut pas affirmer que cela est vrai ou que cela est faut, elle ne peut dire simplement ce que disent les auteurs du Nouveau Testament et ces tout. On a donc ici une liste qui associe toutes sortes de gens. Alors maintenant est-ce tout simplement un constat de qui était là ou qui n'y étaient pas ! est-ce qu'il s'agit d'une liste officielle ? Si oui qui l'aurait décidé ainsi ? L'apôtre Paul ? Mais on voit bien qu'à travers la pluralité des textes que nous sommes aucunement en présence d'une liste officielle. Nous sommes en fait en présence d'une liste qui essaye d'additionner les autorités qui ont été témoins de l'événement de Pâque. Comme autoritaire on donne Pierre, les douze, Jacques, etc.. et cela pour avoir un argument quantitatif et qualitatif quant aux gens qui étaient là. Évidemment une des grandes énigmes historiques c'est de se dire qu'est ce qui s'est réellement passé ? Qu'est-ce que cela veut dire cette formule « aux frères, il s'est fait voir » alors on se pose la question ! personne ne sait ! ce que l'on peut simplement constater ce sont les effets ; à savoir le fait que cet événement ou cette expérience est représenté d'une part, par cette confession de foi, mais ensuite par presque l'ensemble du Nouveau Testament comme le point de départ du christianisme. Sur ce qui s'est passé, je crois qu'on ne peut pas dire grand-chose, mais visiblement le fait est que le christianisme est constitué par cet événement il repose sur cette théologie paulinienne c'est indiscutable. Sans cela le christianisme n'est pas il perd ces fondements.
Cet événement, ou cette expérience selon notre opinion, c'est-à-dire la première apparition du ressuscité dont ils auraient été les témoins, distingue Pierre de tous les autres disciples. Dès lors, celui-ci semble intronisé comme le successeur de Jésus et le chef de l'Église
En Matthieu 16, 13 on nous dit : « Jésus se rendit dans la région de Césarée de Philippe. Il interrogea ses disciples : Que disent les gens au sujet du Fils de l'homme ? Qui est-il d'après eux ? Ils répondirent : Pour les uns, c'est Jean-Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres encore, Jérémie ou un autre prophète. Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre lui répondit : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui dit alors : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n'est pas de toi-même que tu as trouvé cela. C'est mon Père céleste qui te l'a révélé. Et moi, je te déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, contre laquelle la mort elle-même ne pourra rien. Je te donnerai les clés du royaume des cieux : tout ce que tu interdiras sur la Terre sera interdit aux yeux de Dieu et tout ce que tu autoriseras sur la Terre sera autorisé aux yeux de Dieu. »
Il reste à voir si cette parole est un fait historique ! je n'en suis pas absolument convaincu. Pour ma part, elle pourrait aussi remonter au tout premier temps des disciples de Jérusalem et à un moment où Pierre est effectivement le représentant par excellence de la communauté, et cela n'a pas toujours été le cas et pour tous les groupes. Si une pareille parole avait été dite par Jésus de Nazareth peut-on penser que Marc et Luc l'aient passer sous silence ! c'est absolument impensable. Simplement, le récit de Matthieu 16, 18, suppose que la communauté à un seul fondement et en l'occurrence c'est Pierre et donc quand Jésus dit à Pierre « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, » il fait référence selon moi à des représentations juives qui sont bien attestées au terme de laquelle le temple de Jérusalem reposait sur une pierre qui était une pierre cosmique que l'on appelle L'Even Shetiyah : la Pierre de Fondation, et cette pierre cosmique était censé représenter le lieu où était mise en communication, une pierre qui liait en quelque sorte le Ciel et la Terre, dans la mesure où le temple était le lieu où Dieu était censé habiter sur Terre et venant du Ciel, il venait visiter la celle-ci, et donc cette pierre était située à la jonction entre les mondes. En disant à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, » Jésus recours à une symbolique qui était associé au temple et l'associât à Pierre. L'évangile de Matthieu a consacré l'image de Pierre recevant les clés du royaume or dans les autres évangiles, son portrait n'est pas toujours aussi flatteur. Le portrait qui en est brossé tant dans les évangiles que dans les actes même, ou dans l'épître aux Galates, est un portrait relativement homogène. C'est-à-dire que l'on a affaire à un personnage qui est à la fois un fonceur et un gaffeur, et à la fois quelqu'un qui est prêt au plus grand élan et qui après peut se tromper assez lourdement, et ce à tout moment et cela est très frappant. Le personnage de Pierre est le porte-parole des 12 disciples, mais il n'est pas mieux traité qu'eux. C'est même le modèle de celui qui a du mal à comprendre le mystère de Jésus. Pierre ne comprend ni les paroles de Jésus ni les annonces de la passion. Annonces qui évidemment font partie du travail rédactionnel de l'évangéliste Marc. Donc je ne dis pas que cela est historique, mais l'important c'est que Pierre soit montré comme incapable de les comprendre. Pierre est même celui qui renie trois fois Jésus, ce qui ensuite pose le problème de sa légitimité. Le problème est résolu différemment selon les sources. Dans l'évangile de Jean, par exemple au chapitre 21 par trois fois Jésus lui demande si Pierre l'aime, et par trois fois Pierre affirme que oui il l'aime. C'est une manière de récupérer la figure de Pierre qui a renié trois fois son maître. Là, c'est extrêmement curieux puisque Pierre est à la fois le disciple qui renie Jésus, ou à qui l'on fait renier Jésus, la chose est parfaitement possible, il est le personnage qui doute, le personnage impulsif qui se fait remettre en place par Jésus, et dans Matthieu le personnage à qui Jésus remet les clés du royaume. Autrement dit, un personnage complexe qui est à la fois un humain impulsif et enthousiaste et mal adroit et d'autre part celui à qui une tache spéciale et fondamentale est confiée. Pierre a été utilisé comme cela par la tradition et cela n'a pas gêné celle-ci et d'ailleurs la tradition n'idéalise pas les figures des disciples. Je pense que Pierre a illustré un comportement qui est un comportement tout à fait commun des croyants et qui est une force des évangiles d'offrir à l'identification des lecteurs des personnages qui ne sont pas toujours tout juste et idéales. Pierre est un personnage qui à certains moments échoue lamentablement. Donc on a toute une série de portraits de Pierre et parfois il est utile d'avoir plusieurs portraits d'une personne, car cela permet d'avoir une vision plus générale de qui était cette personne. Mais pour brosser un portrait unique de Pierre, c'est beaucoup plus difficile. La vie de Pierre on ne sait pas l'écrire, on peut écrire éventuellement une vie de Paul, car on dispose de ses lettres, et encore cela n'est pas facile ; mais pour Pierre c'est impossible. Si l'on voulait unifier toutes les images que les textes néotestamentaires de Pierre nous ont laissé, on arriverait certainement à une espèce de portrait psychologique de bas étage, et en tout cas de très mauvaise qualité. Il faut évité de le faire, et je crois qu'il faut prendre les textes pour ce qu'ils sont, les uns à côté des autres, et non faire un empilage qui tirerait un portrait psychologique d'un Pierre qui serait à la fois impulsif et inconstant, qui serait celui qui reconnaîtrait comme dans Matthieu au chapitre 16 que Jésus est le Christ le fils de Dieu vivant, à qui sont attribués les pouvoirs de lier et délier et donc de délivrer ou non les péchés. Celui qui en même temps quelques versets plus loin remet Jésus en place à propos de l'annonce de sa mort et à qui Jésus est obligé de dire « marche dernière moi Satan ». On arriverait ainsi effectivement à ce type de personnage qu'on présente assez facilement sous cette forme-là. C'est-à-dire qu'on fait presque une psychologie de Pierre comme l'on fait une théologie du Nouveau Testament. Or si l'on prend tous les personnages vraiment représentatifs du Nouveau Testament, on s'aperçoit que Pierre, que Paul, que Jacques, que Jacques le frère, que Jean sont des personnages, emblématiques, mais qu'ils ne sont pas de la même façon emblématique, selon qu'il s'agit de l'évangile selon Matthieu, qu'il s'agit des Actes ou selon qu'il s'agit d'une épître paulinienne par exemple. Si l'on prenait un par un ces textes, l'on s'apercevrait très probablement que ce qu'on prend par exemple pour un aspect positif de la psychologie de Pierre ou un aspect négatif de cette même psychologie, ce serait en réalité une prise de position par rapport à un pouvoir qu'aurait Pierre qui est agréé par les uns et contesté par d'autres. Donc l'on brosserait inévitablement un portrait antagoniste du personnage. Nous sommes donc en présence ici de figures symboliques, nous avons des figures de pouvoirs, des figures d'identifications. Je ne crois pas que Pierre n'ait jamais eu un pouvoir quelconque dans le christianisme primitif. Avec Pierre je crois qu'on a plutôt une figure chargée de toute une symbolique c'est-à-dire que Pierre était probablement un des associés proches de la mission de Jésus, qui va d'abord continuer l'œuvre de Jésus, d'abord en Palestine, puis partir visiblement du côté de Corinthe éventuellement du côté de la Turquie actuelle, et éventuellement à Rome, mais je dirais qu'il me semble que Pierre est une figure symbolique du christianisme primitif plutôt qu'une figure de pouvoir et de dirigeant. Aussi je ne suis pas persuadé que Jésus est désigné Pierre comme l'unique chef de ses disciples encore moins d'une quelconque Église. Ce qui en ferait si l'on veut le successeur de Jésus. Il est vrai que l'évangile de Matthieu veut donner cette impression, et c'est sur cette seule base, que le christianisme traditionnel et, notamment le christianisme catholique et romain, a été construit. Mais si on lit attentivement l'évangile, de Matthieu nous remarquons que le pouvoir donné à Pierre au chapitre 16 est également donné aux autres disciples au chapitre 18. Donc même dans l'évangile de Matthieu Pierre n'est pas distingué ni placé sur une sorte de piédestal. C'est un contre sens de le représenter ainsi, c'est une interprétation erronée de l'évangile selon Matthieu, mais c'est aussi un contre sens qui a influé, l'histoire de l'Église pendant 2000 ans. Depuis 2000 ans l'histoire de l'Église repose sur Saint-Pierre, et Saint-Paul, mais dans les années 30 à 40 à Jérusalem rien de cette histoire n'est concevable, à cette époque la communauté lutte pour sa survie et au groupe des disciples, dont Pierre est la figure majeure, s'oppose la famille de Jésus mené par Jacques le frère de Jésus, c'est ce qui resort d'une lecture attentive du Nouveau Testament.