Etude sur Jean Baptiste. (Première partie)

17/06/2021


Entrée en scène de Jean Baptiste :

La source Q : (ch 3 : 7 à 9 ; 16b et 17 ; 21 et 22) :

  • Jean annonce le jugement :

7 Le prophète Jean, baptise ... dans toute la région du Jourdain ... il annonce le jugement.

Il dit aux foules qui venaient pour être baptisées :

- Rejetons de vipères, qui vous a avertis de fuir devant la colère à venir ? 8 Produisez, donc du fruit digne d'une conversion et ne vous imaginez pas dire en vous-même : Nos avons pour père Abraham ! Car je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham ! 9 Et déjà la hache est posée contre la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être abattu et jeté au feu.

  • Jean annonce celui qui vient :

16b- Moi, je vous baptise dans l'eau, mais celui qui vient après moi est plus fort que moi ; de lui, je ne suis pas digne d'enlever les sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu. 17 Sa pelle à vanner est dans sa main et il nettoiera son aire et il recueillera le blé dans son grenier, mais la bale, il la brûlera d'un feu inextinguible.

  • Le baptême de Jésus :

21 Jésus vint et Jésus fut baptisé, le ciel s'ouvrit, 22 et l'esprit descendit sur lui alors une voie dit « celui-ci est mon Fils bien aimé ».

Voilà l'histoire de base qui est commune à Luc, et à Matthieu et que l'on nomme la source Q et qui doit être la matrice à partir de laquelle les trois synoptique ont développé leur enseignement oral (leur Targoum) sous forme d'un enseignement midrashique. (nous expliquerons le midrash dans la seconde partie de l'étude sur Jean Baptiste)

Qui est donc ce prophète nommé Jean ?

Dans la tradition chrétienne.

Jean le Baptiste est le fils du prêtre Zacharie et d'Élisabeth, qui serait une cousine de Marie, la mère de Jésus (l'évangile attribué à Luc dit qu'Élisabeth est « une parente » de Marie, « cousine » serait une précision apportée par la tradition orale). Il serait donc le petit-cousin de Jésus. « Baptiste » est un surnom qui a été donné à Jean parce qu'il pratiquait des ablutions sacrées dans le fleuve du Jourdain : en grec, « baptismo » veut dire « immersion ». Lorsque Jean fut devenu adulte, il partit vivre en ermite dans le désert de Judée. Vêtu d'une peau de chameau et vivant des maigres ressources du désert, il exerçait sa mission auprès de ses visiteurs. Elle consistait à baptiser les pèlerins par une immersion rituelle dans le Jourdain, et à les inviter à une conversion intérieure et à la pénitence en vue de la venue imminente du royaume de Dieu sous une forme apocalyptique. À la purification de l'âme par la conversion s'ajoutait la purification du corps par l'eau. Selon les évangiles, Jésus lui-même vint recevoir le baptême des mains de Jean, en un lieu nommé « Béthanie au-delà du Jourdain ». À l'instant de l'immersion, la présence divine se manifesta par une voix céleste désignant Jésus comme son Fils.

Au point de vue historique.

À côté des textes bibliques, d'autres documents de l'époque attestent également de l'existence historique de Jean Baptiste. Les plus anciens sont ceux de l'historien juif Flavius Josèphe, premier auteur non chrétien de l'Antiquité à citer des personnages du Nouveau Testament. Ainsi un paragraphe des "Antiquités Judaïques", ouvrage composé vers l'an 79, parle du prophète Jean et des circonstances de sa mort. Bien que cette version diffère des évangiles sur les motifs de son exécution, elle restitue assez bien le contexte de la vie du prophète :

(Antiquités Judaïques, livre XVIII, V, 1).

Le selon Marc :

1 Commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. 2 Conformément à ce qui avait été écrit dans les prophètes : Voici, j'envoie mon messager devant ta face, qui préparera le chemin devant toi : 3 Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur; aplanissez ses sentiers.

4 Jean baptisait dans le désert, et prêchait le baptême de repentance, pour la rémission des péchés. 5 Et toute la Judée et les habitants de Jérusalem allaient à lui, et ils étaient tous baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, en confessant leurs péchés.

6 Jean était vêtu de poils de chameau, il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 7 Et il prêchait en disant : Il en vient un après moi, qui est plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne, en me baissant, de délier la courroie des souliers. 8 Pour moi je vous ai baptisés d'eau, mais lui vous baptisera du Saint-Esprit.

9 Il arriva, en ce temps-là, que Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. 10 Et aussitôt, comme il sortait de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe. 11 Et une voix vint des cieux, qui dit : Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai pris plaisir.

Le selon Matthieu :

1 En ce temps-là, Jean-Baptiste vint, prêchant dans le désert de Judée, 2 Et disant : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. 3 Car c'est celui dont Ésaïe le prophète a parlé, en disant : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur ; redressez ses sentiers.

4 Or, ce Jean avait un vêtement de poil de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins ; et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage. 5 Alors Jérusalem, et toute la Judée, et tous les environs du Jourdain, venaient à lui ; 6 Et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en confessant leurs péchés.

7 Mais quand il vit venir à son baptême plusieurs des pharisiens et des sadducéens, il leur dit : Race de vipères ! qui vous a appris à fuir la colère à venir ? 8 Produisez, donc des fruits convenables à la repentance. 9 Et ne pensez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que, de ces pierres, Dieu peut susciter des enfants à Abraham. 10 Et la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit point de bon fruit est coupé et jeté au feu. 11 Pour moi, je vous baptise d'eau, en vue de la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de lui porter les souliers : c'est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. 12 Il a son van dans ses mains, et il nettoiera parfaitement son aire, et amassera son froment dans le grenier ; mais il brûlera la paille au feu qui ne s'éteint point.

13 Alors Jésus vint de Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui. 14 Mais Jean s'y opposait, en disant : C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et tu viens à moi ! 15 Et Jésus, répondant, lui dit : Ne t'y oppose pas pour le moment ; car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir tout ce qui est juste. Alors il ne s'y opposa plus. 16 Et quand Jésus eut été baptisé, il sortit aussitôt de l'eau ; et à l'instant les cieux s'ouvrirent à lui, et il vit l'Esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant sur lui. 17 Et voici une voix des cieux, qui dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai pris plaisir.

Le selon Luc :

3 Et il vint (Jean) dans tout le pays des environs du Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés; 4 Selon qu'il est écrit au livre des paroles du prophète Ésaïe: Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. 5 Toute vallée sera comblée, et toute montagne et toute colline sera abaissée, les chemins tortueux seront redressés, et les chemins raboteux seront aplanis ; 6 Et toute chair verra le salut de Dieu.

7 Il disait donc au peuple qui venait pour être baptisé par lui : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? 8 Produisez, donc des fruits convenables à la repentance ; et ne vous mettez point à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut faire naître de ces pierres des enfants à Abraham. 9 Or, la cognée est déjà mise à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu.

10 Alors le peuple lui demanda : Que ferons-nous donc? 11 Il leur répondit : Que celui qui a deux habits en donne à celui qui n'en a point ; et que celui qui a de la nourriture en fasse de même. 12 Il vint aussi des péagers pour être baptisés ; 13 Et ils lui dirent : Maître, que ferons-nous ? Et il leur dit : N'exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. 14 Les gens de guerre lui demandèrent aussi : Et nous, que ferons-nous ? Il leur dit : N'usez point de violence ni de tromperie envers personne, mais contentez-vous de votre paye.

15 Et comme le peuple était dans l'attente, et que tous se demandaient en leurs cœurs si Jean ne serait point le Christ, 16 Jean prit la parole et dit à tous : Pour moi, je vous baptise d'eau ; mais il en vient un plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers ; c'est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. 17 Il a son van dans ses mains, il nettoiera parfaitement son aire, et il amassera le froment dans son grenier ; mais il brûlera entièrement la paille, au feu qui ne s'éteint point.

18 Il adressait encore plusieurs autres exhortations au peuple, en lui annonçant l'Évangile. 19 Mais Hérode le tétrarque ayant été repris par Jean, au sujet d'Hérodias, femme de Philippe son frère, et de toutes les méchantes actions qu'il avait faites, 20 Ajouta encore à toutes les autres celle de faire mettre Jean en prison.

21 Or, comme tout le peuple se faisait baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit, 22 Et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe ; et il vint une voix du ciel, qui dit : Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai pris plaisir.

Le selon Jean

15 Jean lui rendit témoignage, lorsqu'il s'écria en disant : C'est ici celui dont je disais : Celui qui vient après moi est au-dessus de moi, parce qu'il était avant moi. 16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce. 17 Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître.

19 C'est ici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des lévites pour lui demander : Qui es-tu ? 20 Il le confessa, et ne le désavoua point ; il le confessa en disant : Je ne suis point le Christ.

21 Qu'es-tu donc, lui demandèrent-ils ? Es-tu Élie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non. 22 Ils lui dirent donc : Qui es-tu ? afin que nous rendions réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? 23 Il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Ésaïe. 24 Or, ceux qui avaient été envoyés, étaient des pharisiens. 25 Ils lui demandèrent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ? 26 Jean leur répondit et dit : Pour moi, je baptise d'eau ; mais il y a quelqu'un parmi vous, que vous ne connaissez point. 27 C'est celui qui vient après moi et qui est au-dessus de moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. 28 Ces choses se passèrent à Béthabara, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

Jésus l'Oint de Dieu

La source Q reste très sobre, elle ne dit pas de quelles prophéties il s'agit, et reste silencieuse sur la figure de Jean-Baptiste et Élie. Mais au-delà du texte de base, de la source Q, les différents auteurs veulent nous transmettre un enseignement complémentaire sous une forme d'un midrash.

Marc cite les prophètes sans les nommer, mais l'on reconnaît celles de Malachie, : "(Malachie 3: 1). "Voilà que J'envoie Mon ange (messager), et il surveillera la voie devant Moi, et le Seigneur que vous cherchez viendra soudain dans Son temple, avec l'ange de l'alliance que vous avez désiré ; Le voici, Il vient, dit le Seigneur tout-puissant." Nous savons que ce messager est Élie. Mais, ce "messager" que Yhwh doit envoyer correspond-il à Jean-Baptiste ? Dans leur évangile Marc et Matthieu introduise une image de Jean-Baptiste qui rappelle celle du prophète Élie, : "Jean était vêtu de poils de chameau, il avait une ceinture de cuir autour de ses reins".

Luc pour amener ses lecteurs à identifier également Élie avec Jean-Baptiste, inclut dans son récit les déclarations d'un "ange" qui, annonçant la naissance à venir dudit Jean-Baptiste, déclare à son propos : "Il [Jean-Baptiste, alors encore à naître] marchera devant Dieu avec l'intelligence et le pouvoir d'Élie, pour faire retourner le cœur des pères vers les enfants, et les pécheurs vers l'intelligence des justes, et pour préparer un peuple ordonné pour le Seigneur" (Luc 1: 17). Donc il n'a pas besoin de décrire Jean-Baptiste, mais il introduit une question que le peuple se pose "Es tu le Messie".

D'autres passages des évangiles citent Jean le Baptiste :

La source Q : ch 7 : (18 à 23) :

  • Le doute de Jean Baptiste :

« 18 Et Jean ayant entendu parler de toutes ces choses envoya lui demander par ses disciples : 19 Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?

20 21

22 Et en réponse, il [Jésus] leur dit : Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient de nouveau et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, et les morts se relèvent et les pauvres reçoivent de bonnes nouvelles. 23 Et bienheureux est celui qui ne subira pas d'offense à cause de moi. »

Marc n'a pas retenu cet épisode, mais de leur côté, Matthieu et Luc semblent plus réalistes, en nous présentant un Jean Baptiste qui doute que Jésus soit bien le Messie dont il avait proclamé la venue au paravent. Ce dont nous pouvons être certains, c'est que Jean Baptiste proclamait bien la venue prochaine du Royaume, Raison pour laquelle une repentance était nécessaire, et qu'il ne se considérait pas lui-même comme étant le Messie. Par contre ce qui semble bien moins assuré, c'est qu'il a pu évoquer en un certain temps que Jésus pourrait être, ce Messie tant attendu, en termes suffisamment évocateurs pour qu'un certain nombre de ses propres disciples (au moins le "disciple que Jésus aimait", André, Pierre, Philippe, peut-être aussi les fils de Zébédée, Jacques et Jean) le lâchent pour se mettre а suivre Jésus. Mais on ne comprendrait pas non plus comment d'autres disciples de Jean Baptiste lui seraient restés fidèles, comment son mouvement serait resté si vivace si longtemps, s'il avait été formel dans son affirmation que Jésus était le Messie ! Et surtout pourquoi lui-même Jean Baptiste ne se met pas immédiatement à la suite de Jésus ?

  • Que dit l'Apôtre Jean dans son évangile :

22 Après cela, Jésus s'en alla avec ses disciples sur le territoire de Judée, et il y demeura avec eux, et il y baptisait. 23 Et Jean baptisait aussi à Énon, près de Salim, parce qu'il y avait là beaucoup d'eau, et on y allait pour être baptisé. 24Car Jean n'avait pas encore été mis en prison.

25 Or, il y eut une dispute entre les disciples de Jean et les Juifs, touchant la purification. 26 Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Maître, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, à qui tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont à lui. 27 Jean répondit : Personne ne peut rien s'attribuer, si cela ne lui a été donné du ciel. 28 Vous m'êtes vous-mêmes témoins que j'ai dit : Ce n'est pas moi qui suis le Christ, mais j'ai été envoyé devant lui. 29 Celui qui a l'épouse est l'époux; mais l'ami de l'époux, qui est présent et qui l'écoute, est ravi de joie d'entendre la voix de l'époux; et cette joie, qui est la mienne, est parfaite. 30 Il faut qu'il croisse, et que je diminue. 31 Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous; celui qui vient de la terre est de la terre et parle de la terre; celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous. 32 Et il rend témoignage de ce qu'il a vu et entendu; mais personne ne reçoit son témoignage. 33 Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est véritable. 34 Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l'Esprit par mesure. 35 Le Père aime le Fils et a mis toutes choses en sa main. 36 Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; mais celui qui désobéit au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. (Jean 3, 22-36)

Il est étonnant qu'en même que ses disciples disent : « Celui qui était avec toi au-delà du Jourdain » et non pas : celui que tu as immergé (ou baptisé) au-delà du Jourdain ! Ce qui sous antan fortement que le séjour de Jésus auprès de Jean Baptiste a duré un certain temps, bien plus long que pour le temps d'un simple baptême.

Ici l'Évangile de Jean nous présente un Jean Baptiste particulièrement perspicace, sur ce sujet !

Cependant nous pouvons oublier le contexte précis imaginé ici par l'Évangile, d'un Jésus décidant soudain de se remettre а baptiser, et ne trouvant rien de mieux que d'aller se poster а proximité de l'endroit où Jean Baptiste le faisait à ce moment-lа. Le plus vraisemblable est que le ministère de Jésus n'a en fait commencé que lorsque Jean a été mis en prison par Hérode. C'est cet événement qui a, en quelque sorte, poussé Jésus а entamer sa propre "carrière". Il a alors sans doute, dans un premier temps, continué de baptiser, mais chez lui, en Galilée, et donc en tout cas pas en même temps que Jean ! Mais l'évangéliste veut nous donner un témoignage ultime rendu par Jean Baptiste à Jésus, après que ce dernier ait commencé sa propre mission. Un tel témoignage ajoute évidemment quelque chose à celui donné initialement, avant que Jésus ait accompli quoi que ce soit ! Il ne s'agit plus seulement d'une authentification а priori de la personne, mais d'une confirmation qui prend en compte son action telle qu'elle est en train de se manifester.

Les gens se demandent si Jean-Baptiste ne serait pas Élie ou "le prophète".

Si les Juifs ont été amenés à se poser cette question, c'est tout simplement parce que Jean Baptiste correspondait à la représentation qu'ils se faisaient d'Élie qui devait annoncer la venue du Messie selon la prophétie de Malachie.

En effet Jean Baptiste nous est présenté comme quelqu'un de très intègre. Il vit simplement, vêtu de peaux de bêtes et se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage. Cela dois-je le rappeler n'apporte aucune véracité à ce que celui-ci enseigne ; en effet quelqu'un de très intègre peut être dans l'erreur, l'intégrité peut être une vertu mais celle-ci peut être aussi bâti sur le sable pour reprendre une métaphore de Jésus (Matthieu 7:26), c'est-à-dire sans fondement solides. Or Jean Baptiste base son enseignement sur son interprétation toute personnelle des prophéties de l'Ancien Testament, et une représentation qu'il se fait du vouloir de Dieu ; c'est-à-dire que chaque membre de son peuple vive vertueusement. Pour atteindre ce but, Jean Baptiste vie de façon très ascétique. Jean demandait à ses disciples de jeuner, contrairement à Jésus, (Matthieu 11:14) sa conception d'une vie vertueuse était celle de l'application rigoureuse de la Loi c'est-à-dire de la Torah. Il se sent investi d'une mission : préparer la venue du Messie. On sait que le peuple d'Israël vivait dans la conscience très vive de l'imminence de la fin du monde. Et le signe avant-coureur de cet achèvement de l'histoire serait la venue d'un prophète qui mettrait fin au silence prophétique. Les gens pensaient que ce prophète Messie aurait les traits d'Élie, suivant la prophétie de Malachie : (ch3, v23). Or Jean-Baptiste est quelque part pour eux cette « image » d'Élie, comme lui, il vit une grande partie de sa vie dans le désert, porte les mêmes vêtements (2 Rois 1:8) symbole ou image (métaphorique) des idées du divin et de sa volonté. Porter les mêmes vêtements signifie dans le midrash partager les mêmes idées. On le considère alors comme un "retour" du prophète Élie. De là leur demande : « Es-tu Élie ? » en effet, ce dernier, selon la Torah, avait été enlevé dans les cieux - sans être mort - sur un char de feu. Élie est à cette époque un prophète très populaire chez les Juifs, et comme il n'est pas mort, chacun attend son retour, en personne, en Messie devrais-je dire, ou en insufflant son esprit à un autre prophète. Et beaucoup pensent que Jean Baptiste est son incarnation. À l'époque le peuple juif est déchiré par une multitude de courants religieux rivaux et surtout il vit sous le joug des Romains. Le peuple juif espère une libération, l'avènement d'une nouvelle ère prospère pour le judaïsme et Israël. Jean Baptiste pense lui, qu'il est censé annoncer la venue d'un Messie et que son travail doit être de préparer cette venue. Pour cela, il se doit de convaincre les juifs de renoncer au péché, sinon la colère de Yhwh, le moment venu, les anéantira. C'est exactement ce qu'Élie enseignait au roi Achab. Mais Jean Baptiste ne prêtant nulle part être Élie, il le nie d'ailleurs dans le texte de Jean, et encore moins le Messie. Par contre il reconnaît être celui qui précède la venue de celui qui "baptisera dans l'Esprit saint et le feu."

Jean Baptiste se présente comme l'annonceur des derniers temps, le témoin du Messie : "Je suis une voix qui crie". Et que criait-elle ? : « il (le Messie) vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu. Il recueillera le blé dans son grenier, mais la bale, il la brûlera d'un feu inextinguible. » Autrement dit : « il fera le tri entre vous, ce qui est bon d'un côté, ce qui est mal, sera brûlé ». Jean se fait une idée personnelle du Messie attendue, qui pour celui qui a lu t'en soit peu les évangiles, n'est pas du tout l'image que Jésus a laissé.

Jean Baptiste selon l'Évangile de Jean nie être le Messie mais nie aussi être Élie (Jean 1:21).

Or Jésus lui-même dit que Jean Baptiste était Élie, ou du moins, un prophète à la façon d'Élie :

Source Q : ch 7 ( 24 à 28) :

24 après qu'ils furent partis, (les disciples de Jean Baptiste envoyés interroger Jésus) il (Jésus) commença à dire aux foules à propos de Jean : " Qu'êtes-vous sortis voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? 25 Mais alors qu'êtes-vous sortis voir ? Une personne vêtue d'habits douillet ? Or voilà, ceux qui portent des habits douillets sont dans les résidences des rois. 26 Mais alors qu'êtes-vous sortis voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète. 27 C'est celui dont il est écrit : Voici moi j'envoie mon messager au-devant de ta face, c'est lui qui préparera ton chemin devant toi. 28 Je vous le dis : Parmi les rejetons de femmes, il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean. Mais le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui."

Alors pourquoi le niait-il ? Peut-être parce qu'il n'en avait pas conscience lui-même ! Jean-Baptiste voyait le retour d'Élie comme quelque chose de complètement différent, pour lui comme pour tous les Juifs orthodoxes, Élie devait revenir en chair et en os, il devait revenir en messie.

Mais selon Jésus, Jean Baptiste c'est bien Élie ou du moins un personnage un prophète comme l'était Élie, à la façon d'Élie. Alors en répondant à la question qui était Élie on répond à la question qui était Jean Baptiste. Bien sûr sous entendu en tant que prophète.

Qui était le prophète Élie don Jean Baptiste en serait l'image.

Rappel du contexte :

Aux environs de 874 av. J.C., le roi Achab règne sur le petit royaume d'Israël. L'histoire celle qui nous est racontée par les historiens et la science de l'archéologie, nous racontent que c'était un roi qui a fort bien développé son royaume. Il a multiplié les relations économiques, commerciales, et culturelles avec ses partenaires étrangers, on peut dire qu'il a eu pour volonté d'ouvrir son royaume au monde, un peu comme nos dirigeants modernes essayent de l'être. Il l'a embelli en construisant des routes, des villes, des palais, bref le "baron Haussmann" de son temps. Mais les auteurs de la Bible eux ne l'aiment guère, ils ne retiennent de lui que son comportement religieux idolâtre, quant à son épouse c'est pire encore. On ne peut leur reprocher, c'est leur rôle après tout, on n'attend pas d'eux qu'ils soient des journalistes d'investigations, ni des analystes de l'histoire, bref des historiens modernes. Ils ont fait passer leurs sentiments religieux dans leurs récits, un peu comme si vous lisiez "une histoire de la réforme et des gueux" écrite par un prêtre catholique contemporain des faits. Il ne faut pas vous attendre à ce qu'il porte dans son cœur ce grand mouvement de libération religieuse.

Le roi Achab c'est un libéral de son temps, il ne voit aucun inconvénient à ce que son épouse, la reine Jézabel apporte de son pays et de sa culture, le culte de Baal et de la déesse Ashéra. Mais l'histoire et l'archéologie nous disent que Baals et Ashéra furent présent avant l'exode à Babylonne sur le territoire d'Israël de tout temps, même à l'époque de David et Salomon, ils ne furent donc pas importé en Israël par Jézabel. -- Nous pouvons comprendre, nous vivons un peu cette situation à notre époque ! -- Mais cela ne plaît pas du tout à Élie, dont le nom signifie "Le Seigneur est mon Dieu". Comme aujourd'hui notre situation ne plaît pas du tout à certains de nos contemporains. Ils s'insurgent avec force et conviction contre ce qu'ils désignent comme des idoles païennes qui asservissent les êtres humains, par le goût démesuré de l'argent et la soif du pouvoir, ou par d'autres religions qui vivent et se développe avec leurs coutumes et leurs lieux de cultes autour d'eux dans leur pays.

Élie se présente devant le roi Achab :

"Par la vie du SEIGNEUR, le Dieu au service duquel je suis, il n'y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie sinon à ma parole." Comme Dieu crée par sa Parole Élie, en déclenchant la sécheresse par sa parole a lancé une confrontation de puissance, d'égal à égal entre le Dieu vivant d'Israël et le Baal, dieu païen. Élie attend que Dieu prenne enfin les choses en mains et qu'il se montre plus puissant que Baal et lui veut être reconnu comme le plus puissant serviteur de la puissance divine. Si l'on suis le texte biblique, Dieu n'a pourtant rien demandé à Élie. Et sa parole intervient alors sous la forme d'un ordre :

"Va-t'en d'ici !"

Dieu ne s'adresse pas à Achab ni à Jézabel mais à Élie.

Indéniablement Élie se trompe de Dieu. Dieu envoie Élie dans un ravin (un abîme) où il est nourri par des corbeaux jusqu'au moment où la sécheresse arrive. Il est retranché des hommes, nourri par des charognards. Élie, qui s'est proclamé prophète, doit comprendre qu'être prophète, ce n'est pas seulement être contre l'idolâtrie contre le péché ou contre le monde, mais c'est entrer dans l'identité prophétique en vivant la violence que le monde fait à Dieu, et découvrir la fragilité de Dieu et de son Amour, et pourtant plein de bienveillance envers les hommes. C'est un long, un très long chemin à parcourir !

Lorsque la sécheresse arrive, Dieu envoie Élie encore plus loin. Il lui faut quitter Israël pour se retrouver en terre étrangère. Du prophète qui s'est dressé en égal face au roi, Dieu en fait un exilé, un vagabond démuni parmi les démunis... Le voilà confié à une veuve avec un enfant. Elle n'a plus rien et elle prépare son dernier repas avant de mourir.

Mais grâce à Élie qui s'installe chez elle, la farine du pot et l'huile de la jarre deviennent inépuisables... Bien plus, Élie ramène à la vie l'enfant qui est mort de maladie. C'est alors que la femme, cette étrangère, veuve et pauvre reconnaît en Élie l'envoyé de Dieu :

« Oui, maintenant je sais que tu es un homme de Dieu et que la parole du SEIGNEUR est vraiment dans ta bouche. » Que doit-on comprendre ! : Oui dans ces circonstances précises où Élie apporte l'Amour dans cette maison étrangère, il a été la Parole de Dieu. La reconnaissance qu'il attendait du roi en Israël en lui faisant violence, lui est donnée par une femme, en terre étrangère en lui faisant le bien. Au bout de trois ans, Dieu prend l'initiative de le renvoyer chez lui. « va, montre-toi à Achab, je vais donner de la pluie sur la surface du sol ! » C'est tout ce que Dieu lui demande d'être un messager un « angelos » en grec).

Le pays est sens dessus dessous, la famine est terrible, même le roi est sorti de son palais pour chercher un tout petit peu d'eau pour ses chevaux sinon, il devra les tuer ! La violence qu'Élie a faite au roi a eu pour conséquence d'engendrer la violence de la reine Jézabel, qui pour se venger a fait tuer tous les prophètes de Yhwh, seule une petite centaine a été cachée par un serviteur du roi fidèle au Dieu d'Israël. Le roi Achab et Élie se retrouvent face à face...

Que fait Élie ?

D'abord, il n'annonce pas le retour de la pluie comme Dieu le lui avait demandé, mais il se présente comme seul prophète de Yhwh, or c'est faux, une centaine de prophètes avaient été cachés, et il demande au roi Achab de rassembler tout le peuple au Mont Carmel.

Élie sait que la pluie va revenir. Achab et le peuple l'ignore. Il doit leur annoncer, à la demande de Yhwh mais il ne le fait pas ! Pourquoi ? parce qu'il compte bien exploiter cette information et le retour de la pluie donc la fin de la sécheresse à son compte. Il veut que le peuple le considère lui Élie comme un grand prophète, le plus grand des prophètes de Yhwh, le seul. Élie recherche sa propre gloire au travers celle de Yhwh.

Il sermonne le peuple et exige de lui un choix :

« Jusqu'à quand est-ce que vous allez danser tantôt pour l'un tantôt pour l'autre. Si c'est le SEIGNEUR qui est Dieu, adorez le SEIGNEUR, si c'est Baal qui est Dieu, adorez baal. Mais le peuple ne répond pas ! »

Là encore Élie est manipulateur par et dans ses paroles, ce n'est pas l'ambivalence religieuse du peuple qui le dérange et qu'il veut faire cesser, mais le culte de Baal. Créant la confusion par ses paroles mensongères de ses intentions « le peuple ne répond pas ».

Et finalement il lance un défi à Dieu lui-même en organisant un face-à-face Yhwh - Baal.

Yhwh là encore ne lui a rien demandé de tout ceci. Ce n'est pas comme beaucoup le croient, et l'enseignent un acte de foi de la par d'Élie, car il savait que Yhwh ferait revenir la pluie, c'est de la manipulation, et là il provoque Yhwh lui-même.

La règle du jeu est simple, chaque partie, les prêtres de Baal et d'Ashéra d'un côté, Élie de l'autre doivent préparer un bûcher pour sacrifier un taureau, mais attention, on ne met pas le feu ! Le dieu qui enverra le feu du ciel sera le dieu vainqueur. Les prêtres du dieu Baal commencent. Pendant toute la journée, ils dansent, chantent, invoquent Baal. Rien ne se passe, Élie se moque d'eux :

« Votre dieu est parti en vacances, il dort, réveillez-le ! »

Les prêtres entrent en transe, crient, tailladent leur corps, toujours rien ! En fin d'après-midi, à l'heure de la prière, Élie dit "c'est à mon tour !" Il prépare le sacrifice, le taureau, il trouve de l'eau pour arroser l'autel plusieurs fois pour exclure tout embrasement naturel... Il prie... et le feu descend du ciel, tout est consumé ! Yhwh est entré dans le jeu d'Élie. Yhwh se révèle dieu du feu, lorsque la pluie revient, dieu de la pluie. Fin de la sécheresse et de la famine ! Le peuple soulagé, heureux crie « C'est le Seigneur qui est Dieu ! »

La ruse a fonctionné, quel triomphe pour Élie ! Ce succès lui monte-t-il à la tête ? Toujours est-il que profitant de la situation dans un acte de folie meurtrière, il massacre tous ceux qui ne sont pas de son bord. Il s'en prend aux prêtres païens de la reine Jézabel - sans état d'âme - des centaines de personnes assassinées, des images de terrorisme, c'est la démence de tous les intégrismes, une purification théologique qui se traduit par une purification ethnique. Ce jour-là Élie aurait pu crier comme les terroristes qui de nos jours nous révoltent « Allahou akbar » « Dieu est le plus Grand ».

Pas un mot de jugement ou de désapprobation dans le texte. Silence de l'auteur. Pourquoi ?

Dieu approuve-t-il ?

Non ! Dieu nous laisse libre responsable de prendre position et d'interpréter, cet acte et d'en tirer un enseignement à travers celui de Jésus, mais il reste juge de notre position de notre jugement de notre discernement. "de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera." (Matthieu ch 7 v1)

Mais Élie est déplacé au sens propre et figuré. Recherché par Jézabel qui veut se venger, il est chassé vers le lieu désert, lieu de la solitude, lieu de la soif et de la faim, lieu de la mort, lieu aussi de la rencontre avec soi-même et avec Yhwh. Harassé, déprimé, abattu, il se laisse tomber sous un genêt isolé. Élie n'est plus qu'un homme traqué, seul, pécheur parmi les pécheurs. « Je n'en peux plus, Seigneur, maintenant prends ma vie... »

Le messager de Yhwh, l'homme de passage arrive auprès d'Élie. Il vient d'on ne sait où, il repart on ne sait où. Il fait des gestes simples, quotidiens, il parle, il nourrit, il abreuve. Pas un mot de reproche, pas un mot qui banalise l'événement, ni menace, ni arrogance, mais présence et compassion d'un ange qui rejoint Élie dans son dénuement. Geste d'une amitié humaine, simple et déculpabilisante qui remet Élie en marche ! Élie va devoir traverser le désert 40 jours et 40 nuits, (comme Jésus nous le verrons plus loin). Yhwh accompagne cette marche non comme un Dieu fusionnel mais comme un Dieu de rupture qui fait naître en envoyant plus loin. Élie arrive à la caverne où Yhwh s'est révélé à Moïse, par sa Parole. Comme avec Moïse Yhwh va lui enseigner la Torah (la loi), Élie se laisse tomber, il s'effondre, il se recroqueville sur lui-même, il passe la nuit.

1 Rois 19, 9b - 16 (traduction Nelson Darby)

" Et voici, la parole de l'Éternel vint à lui et lui dit : Que fais-tu ici, Élie ?

10 Et il dit : J'ai été très jaloux pour l'Éternel, le Dieu des armées ; car les fils d'Israël ont abandonné ton alliance ; ils ont renversé tes autels et ils ont tué tes prophètes par l'épée, et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l'ôter.

11 Et il dit : Sors, et tiens-toi sur la montagne devant l'Éternel. Et voici, l'Éternel passa, et devant l'Éternel un grand vent impétueux déchirait les montagnes et brisait les rochers : l'Éternel n'était pas dans le vent. Et après le vent, un tremblement de terre : l'Éternel n'était pas dans le tremblement de terre.

12 Et après le tremblement de terre, du feu : l'Éternel n'était pas dans le feu. Et après le feu, une voix douce, subtile.

13 Et il arriva, quand Élie l'entendit, qu'il enveloppa son visage dans son manteau, et sortit et se tint à l'entrée de la caverne. Et voici, une voix lui [parla], et dit : Que fais-tu ici, Élie ?

4 Et il dit : J'ai été très jaloux pour l'Éternel, le Dieu des armées ; car les fils d'Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels et ils ont tué tes prophètes par l'épée, et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l'ôter.

15 Et l'Éternel lui dit : Va, retourne par ton chemin, vers le désert de Damas, et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour qu'il soit roi sur la Syrie ;

16 et Jéhu, fils de Nimshi, tu l'oindras pour qu'il soit roi sur Israël, et tu oindras Élisée, fils de Shaphath, d'Abel-Mehola, pour qu'il soit prophète à ta place."

« Pourquoi es-tu ici, Élie ? »

Dieu rejoint Élie dans sa désespérance totale. Élie ne sait plus qui est son Dieu. Il l'a utilisé, il l'a mis dans son jeu, il en a fait un dieu de la sécheresse, du feu, de la pluie, un dieu terroriste ; il voulait être le superchampion d'un dieu, qui se présente de manière fracassante. Il s'est laissé aller au pire des comportements, et pourtant il répond : « Je suis passionné pour le SEIGNEUR. » Autrement dit « Je suis un fou de Dieu ». Puis la terre est secouée par l'ouragan, le tremblement de terre, le feu...Mais Dieu n'est pas le grandiose, le puissant, celui qui fait peur. Dieu n'est pas dans l'ouragan, dans Kathrina, dans Rita, dans la tempête, le tsunami, dans les tremblements de terre, dans le feu qui ravage nos terres et nos forêts, dans les bombes ou les roquettes ou les balles des terroristes. Et après le feu, il y a le bruissement d'un souffle ténu. Dieu se donne dans sa différence et sa fragilité, Dieu est dans l'Amour, l'amour de la vie donnant la vie. Élie croyait le trouver dans la force, la haine, la violence et la mort.

« Une théophanie de rien, d'une infinie discrétion.. Un brin de silence qui vibre à peine et déjà s'en va » (Sylvie. Germain "Les échos du silence" p. 46/47).

Élie reconnaît Dieu. Élie sort de la caverne. Dehors, Dieu rejoint à nouveau Élie, avec les mêmes mots : « Pourquoi es-tu ici Élie ? » - « Je suis passionné pour le Seigneur Dieu. » Même réponse à peu de chose près d'Élie, parce qu'il n'est pas transformé d'un coup de baguette magique, mais Élie n'est peut-être plus tout à fait le même. Avant, c'était la nuit, Élie était recroquevillé dans la caverne. Maintenant, c'est le jour, Élie est debout, dehors, devant Dieu. Il n'y a pas de fusion entre Dieu et son prophète ; le prophète n'est pas Dieu ; il se tient devant Dieu et Dieu est toujours en avant. C'est dans une certaine distance et dans le déplacement à la suite de Dieu que se vit la vraie relation entre Dieu et l'être humain. La parole animée du souffle de Dieu remet Élie dans la vie. Il faut qu'il retraverse le désert dans l'autre sens pour une nouvelle mission, puis il doit s'effacer il est renvoyé pour céder sa place à un autre prophète, à Élisée.

Élie dans l'écriture et la tradition orale juive du Targoum.

Nous avons une tout autre représentation d'Élie on s'en doute dans la tradition juive.

Histoire d'Élie un héros selon le targoum.

Toute l'histoire d'Élie est ramassée dans quelques chapitres des livres des Rois (1 R, ch. 17 à 21, et 2 R, ch. 1 à 2), et force est d'avouer que les renseignements biographiques que l'on peut tirer de ces récits sont fort minces. Tout d'abord, les noms des parents du prophète n'ont pas été conservés (il est donc sans père ni mère, sans généalogie) ; nous savons seulement qu'il était de Guilad (1 R 17, 1). Sa carrière commence par une altercation avec Achab, roi d'Israël, auquel il déclare: "Par Yahvé vivant, le Dieu d'Israël que sers, il n'y aura, ces années-ci, ni rosée ni pluie, sauf à mon commandement" (1 R 17, 1). En vérité, nous ne savons pas au juste quelle fut la raison de cette soudaine décision du prophète, pas plus que nous n'avons la preuve qu'elle lui fut dictée par Dieu. La Tradition orale juive supplée à ce manque d'information (Talmud de Babylone, Sanhedrin 113a ) :

" Le roi Achab était un bon ami (de 'Hiel). Il est allé, accompagné du prophète Élie, prendre des nouvelles (de 'Hiel et le consoler) dans sa maison où il portait le deuil (de ses enfants). Le malheureux était assis et leur a dit : peut-être quand Josué a prononcé sa malédiction l'entendait-il comme ceci : ni Jéricho sous le nom d'une autre ville, ni une autre ville sous le nom de Jéricho ? Le prophète Élie lui dit : c'est exact. (Le roi Achab) a dit alors : (allons donc !) alors que la malédiction de Moïse ne s'est pas réalisée, car il est écrit : "et vous vous détourneriez et vous iriez adorer des idoles", et ensuite : "la colère de l'Éternel s'enflammera contre vous, et il fermera les cieux et il n'y aura pas de pluie", etc. (Dt 11, 16-17) ; or cet homme (moi-même) a dressé des idoles sur chaque talus et la pluie (est si abondante qu'elle) l'empêche d'aller s'y prosterner, (et tu voudrais que) la malédiction de Josué, qui n'était que son disciple, se soit réalisée ! Aussitôt : et Élie le Tishbite, un de ceux qui s'étaient établis à Guilad, a dit à Achab : "par le Dieu vivant, Dieu d'Israël, il n'y aura, ces années-ci, ni rosée, ni pluie, si ce n'est à mon commandement" (1 R 17, 1).

Nous voyons que la tradition orale, la sécheresse décrétée par Élie n'est pas seulement la punition de l'idolâtrie d'Achab, mais surtout la réponse sévère à sa provocation à l'égard de Dieu, dont la parole prophétique lui semble impuissante. De cette attitude du prophète découle le portrait moral que l'on peut en esquisser, et c'est là peut-être qu'il y a déviation entre l'enseignement qu'en tireront les Pères du peuple et celui de Dieu ; ce qui provoquera sa venue en personne pour enseigner les pères en les rapprochant des fils et les fils au père « Dieu ». Élie est, selon ses propres termes, « rempli d'un zèle jaloux pour Yahvé. Sabaoth !... » (1 R 19, 10). Mieux encore, il représente et même incarne la justice implacable de Dieu. Dans l'Écriture, ce n'est pas dit clairement (quoique la "collaboration" de Dieu soit évidente : ordre de fuir au torrent de Kerit, envoi à Sarepta, etc.) ; la tradition orale, elle, l'affirme sans ambages :

"Le Saint Béni soit-il dit à Élie : Ce 'Hiel est un homme important. Va lui rendre visite. Élie lui répondit : je n'ai pas envie d'y aller. (Dieu) dit : pourquoi ? Il lui répondit : parce qu'ils diront des choses qui t'irritent et je ne pourrai pas le supporter. Le Saint Béni soit-il lui dit : eh ! bien, s'ils te disent des choses irritantes, toute condamnation que tu prononceras, moi je la réaliserai. Élie fut aussi un thaumaturge, comme en témoignent les miracles de la multiplication de l'huile et la résurrection du fils de la veuve. Mais il fut surtout un grand prophète et un réformateur religieux, attentif à extirper le mal, tant individuel (meurtre de Naboth par Achab que collectif (adoration de Baal). (Talmud de Jérusalem, Sanhedrin, ch. 10, halacha 2.)

La scène de l'égorgement des faux prophètes et du sacrifice licite consumé par le feu du ciel, égale Élie à Moïse, et c'est bien ainsi que le présente la Tradition orale : « Il est évident que Moïse et Élie sont égaux en toute chose. » (Midrash Pesikta Rabbati, ch. 4. Édition M. Friedmann, Vienne (réimpression Tel-Aviv, 1963, p. 13).

Mais Élie n'est pas seulement thaumaturge, prophète et réformateur religieux, il est aussi l'ascète et le mystique à qui Dieu se manifeste face à face, comme à Moïse, dans la grotte de l'Horeb, lui faisant comprendre sa pure spiritualité: « mais Yahvé n'était pas dans l'ouragan...) pas dans le tremblement de terre (...) pas dans le feu, et, après le feu, le bruit d'une brise légère...» (1 R 19, 11-12). Dieu n'était pas dans les prétentions d'Élie. Enfin, la vie terrestre de ce prophète hors-série s'achève, comme elle a commencé, brusquement et mystérieusement, et surtout de façon inouïe. Comme Hénoch, Élie est enlevé au ciel où il demeure vivant, ainsi que l'atteste la Tradition orale, elle aussi: « Élie est vivant » (Talmud de Babylone, Mo'ed Qatan 26a.)

B. Retour eschatologique d'Élie

Le texte essentiel et fondamental est, bien entendu, Ml 3, 1.23-24 :

"Voici que je vais envoyer mon messager pour qu'il fraye un chemin devant moi (...) Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n'arrive le Jour de Yahvé, grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers les pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathème."

Non moins important est l'éloge d'Élie par Ben-Sira (Ecclésiastique 48, 1-12) :

"Toi qui fus désigné dans des menaces futures pour apaiser la colère avant qu'elle n'éclate, pour ramener le cœur des pères vers les fils et rétablir les tribus de Jacob. Bienheureux ceux qui te verront et ceux qui se sont endormis dans l'amour, car, nous aussi, nous posséderons la vie." (vv. 10-12).

Cette attente du retour d'Élie est partagée par la Tradition orale en de nombreux endroits ; voici un texte parmi d'autres :

" Même si vos dispersés se trouvaient aux confins des cieux, la parole de Yahvé. nous rassemblerons de là, par l'intermédiaire d'Élie le Grand Prêtre, et, de là, il vous fera venir par l'intermédiaire du Messie."(Targum de Palestine (add. 27031), sur Dt 30, 4.)

Deux conceptions de Dieu, différentes donnent deux enseignements différents.

On constate qu'il existe une grande différence entre ce qu'enseigne en "criant" Jean Baptiste ou Élie, et ce que nous enseigne Jésus. Jean Baptiste "crie" il demande qu'on l'écoute, Jésus demande de le suivre et de voir. Jésus ne nous demande pas de le croire sur parole, mais d'expérimenter ; de voir, et de constater par nous-même.

Selon moi, Jésus est resté quelque temps avec Jean Baptiste il fut même peut-être l'un de ses disciples. « Maître, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, à qui tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont à lui. » Ont-ils été ensemble Esséniens ? Jean Baptiste le fut peut-être, mais Jésus prit vite tout au moins s'il le fut un jour un chemin très différent, au point que l'on n'en retrouve aucune trace. Jésus part de son côté entraînant avec lui quelques disciples qui deviendront ses "apôtres". Pourquoi ce départ ? Nul ne le sait exactement, peut-être cela est dû à l'arrestation du Baptiste, mais il est plus que probable que Jésus et Jean Baptiste aient connu des tensions, du moins des divergences, spirituelles, notamment sur la façon d'envisager l'avènement du « Royaume de Dieu ». Pour Jean Baptiste, comme pour Élie Dieu est un « père fouettard » un Dieu terroriste comme Elie était un terroriste, il allait punir manu militari tous ceux qui vivaient dans le péché ; pour Jésus, Dieu allait avec amour aider les hommes à devenir meilleurs. Pas de vengeance, pas de colère, de la compassion, de l'amour et surtout la grâce. Dans un cas, la « conversion » est le résultat d'une pression extérieure, la crainte d'une répression, donc contrainte par la peur, le terrorisme ; dans l'autre, d'une prise de conscience intérieure donc libre. Rien à voir, entre elles effectivement.

On peut supposer que cette différence de vues a éloigné les deux hommes l'un de l'autre. Et c'est là que nous butons sur le nœud du problème !

Quelles furent les relations entre Jean-Baptiste et Jésus.

Jean Baptiste était un prophète radicalisé tout comme Élie, il entre dans une ligne apocalyptique c'est-à-dire l'annonce par révélation du déclenchement imminent des tribulations cosmiques qui marqueront la fin des temps. Voilà pourquoi les Juifs croyaient qu'il était la « réincarnation » d'Élie. Et Jésus leur dit que le royaume de son Père n'est pas le terrorisme, mais l'Amour, il peut être rattaché à la tradition sapientiale, qui, le plus souvent en Israël, et sous la forme d'une sagesse pratique, s'efforce de donner un sens à l'existence ici-bas sans spéculer sur le futur. Jean Baptiste ne pouvait pas comprendre ni l'admettre.

La question de Jean-Baptiste traduit bien un doute, elle exprime une véritable interrogation.

Après la question, il passe à la réponse : aux envoyés de Jean, Jésus déclare : « allez, annoncez à Jean ce que vous entendez et voyez, les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et l'Évangile est annoncé aux pauvres ! »

Qu'est-ce que cela veut dire ? Que signifie cette réponse ? Pour le bien comprendre, il faut faire trois remarques, noter trois choses :

D'abord, Jésus répond par des citations de l'Ancien Testament, plus précisément par des phrases tirées de divers passages de ce livre d'Esaïe qu'il semble avoir beaucoup aimé. Entre parenthèses, en les citant, Jésus opère des coupures, il fait des suppressions. Peut-être qu'il estime que ces paroles ne sont pas de Dieu. Ainsi, il saute les paroles d'Esaïe sur la libération des prisonniers, omission qui a dû singulièrement frapper Jean Baptiste dans la situation où il se trouvait ( en prison). De plus, Jésus passe sous silence tout ce que ces textes disent de la vengeance de Dieu et du châtiment destiné à ses ennemis. Jésus écarte menaces et condamnations pour ne garder que l'annonce de la grâce. Il n'est pas sûr que Jean Baptiste, dont la prédication fut violente, en ait été très satisfait. Quoi qu'il en soit, Jésus le renvoie à l'Écriture. C'est, je crois, une manière de lui dire : « mais si, je remplis bien le programme annoncé ; seulement ce programme n'est pas ce que tu crois. Il n'est pas cette manifestation de force et de puissance dont tu rêves. Il consiste avant tout à soulager les malheureux, à leur ouvrir une vie qui mérite d'être vécue. Regarde bien les textes : tu y verras que je fais ce que je dois faire, et que je suis bien celui qui devait venir », bref le programme est un programme pacifiste.

En second lieu, il faut souligner que Jésus ne renvoie pas seulement à des textes, mais aussi à des faits. Car ces aveugles qui retrouvent la vue, ces boiteux qui marchent, ces lépreux qui sont purifiés, ces sourds qui entendent, ces morts qui redécouvrent la vie, ces pauvres à qui l'Évangile est annoncé, ils ne sortent pas seulement des pages d'un vieux livre, ce ne sont pas de simples réminiscences littéraires ou des citations savantes. Mais ils sont là, en chair et en os ; ils entourent Jésus ; les envoyés de Jean Baptiste peuvent les voir, leur parler et assister à des guérisons.

Jean-Baptiste est traditionnellement considéré comme le précurseur et premier témoin du Christ, mais la recherche historique montre qu'il s'agit là d'une image légendaire élaborée par l'Église. Si Jésus a bien été le disciple de Jean-Baptiste et l'a reconnu comme « plus qu'un prophète », en revanche, Jean-Baptiste n'a jamais soutenu le ministère de Jésus et ne l'a pas proclamé Messie si non il se serrait mis à sa suite. Ce n'est qu'à titre posthume que les évangélistes ont converti le célèbre prophète du Jourdain, par un travail littéraire dont on retrace aisément les étapes. L'analyse critique des Évangiles révèle en particulier que le schisme qui les sépara priva Jésus d'un soutien qu'il espérait, et contribua à son discrédit. L'Histoire des premiers siècles du christianisme, quant à elle, montre que la relation conflictuelle entre les disciples de Jean-Baptiste et ceux de Jésus entraîna une surenchère christologique qui influença la doctrine chrétienne.

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